« Je suis reconnaissante pour mon deuxième anniversaire »

Lorsqu'on demande à Marguerite P. son âge, elle répond : « J'ai 7 ans et demi. » Comment est-ce possible ? Marguerite a deux anniversaires à ses yeux. Cela a à voir avec un événement radical dans sa vie.

Lorsqu'on demande à Marguerite P. son âge, elle répond : « J'ai 7 ans et demi. » Comment est-ce possible ? Marguerite a deux anniversaires à ses yeux. Cela a à voir avec un…

Marguerite portant le t-shirt de FRAGILE Suisse


Le 29 novembre 2016, l’ingénieure agronome titulaire d'un doctorat a été victime d‘un arrêt cardiaque à l'âge de 39 ans. Ce jour-là, sa deuxième vie a commencé, qui est complètement différente de sa première. « Je suis très reconnaissante d'avoir survécu à l'arrêt cardiaque. Le début de ma deuxième vie est mon deuxième anniversaire », explique Marguerite.

Pour Marguerite, son deuxième anniversaire a une grande importance : « Je pense ce jour-là aux personnes qui m'ont sauvé la vie et je dis merci. De temps en temps, je leur écris aussi des lettres. » Ses sauveteurs, ce sont un acupuncteur et le médecin-chef dans l'unité des soins intensifs de l'hôpital cantonal d'Aarau. Marguerite était dans la salle d'attente de son acupuncteur lorsque son cœur a soudainement cessé de battre. L'acuponcteur l'a immédiatement réanimée et a alerté le service d'urgences. Dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital cantonal d'Aarau, elle a dû être réanimée deux fois de plus.

Marguerite est restée dans le coma pendant environ un mois. L'arrêt cardiaque a provoqué un manque d'oxygène dans son cerveau et, par conséquent, de graves lésions cérébrales. Elle a perdu tous les souvenirs de sa première vie. Marguerite a dû tout réapprendre pendant les huit mois de réadaptation en stationnaire. « C'était une période épuisante et extrêmement difficile », rapporte-t-elle. Mais elle n'avait pas d'autre choix que de continuer à se battre. Son mari, son fils et ses parents ont été un énorme soutien.

« Parfois, des sentiments douloureux surgissent », Marguerite confirme son chagrin pour les souvenirs perdus. Comment parvient-elle à se concentrer encore et encore sur le positif ? « Je lis des messages que j'ai reçus de ma famille et de mes amis, je regarde des photos de mon fils et ses dessins ou j'écoute de la musique. » Le jour de son deuxième anniversaire, la gratitude prédomine : « Ma deuxième vie est un cadeau. C'est une deuxième chance que j'ai reçue. » Elle considère également que la plupart du temps, elle parvient à se concentrer sur le positif. 

Marguerite a décidé de ne pas pleurer le jour de son deuxième anniversaire, mais de fêter, après tout, c'est la bien meilleure option. « C'est devenu comme un rituel : je rencontre un groupe d‘ami·e·s le jour de mon deuxième anniversaire ou la même semaine. ». Marguerite a rencontré ce groupe à l'ETH Zurich lorsqu'elle a écrit sa thèse de doctorat en sciences agronomiques. Ses ami·e·s lui sont toujours resté·e·s fidèles et elle est très heureuse de faire quelque chose avec elles et eux. 

En outre, Marguerite fête également son anniversaire « officiel », le plus souvent avec sa famille. Elle reçoit beaucoup de messages ce jour-là ainsi que le jour de son deuxième anniversaire. Elle aime particulièrement les lettres manuscrites et les cartes postales, car elle peut les tenir à la main. Les messages WhatsApp réjouissent également Marguerite – elle les lit encore et encore quand elle a besoin d'encouragement.

Avec les mots « nouveau départ », Marguerite associe l'arrêt cardiaque et la lésion cérébrale qui en résulte, mais aussi la deuxième chance et la recherche de sa nouvelle voie. Le nouveau départ n'a pas été facile. « Après la réadaptation stationnaire, je ne savais pas encore à quoi pourrait ressembler mon nouveau parcours de vie », se souvient Marguerite. Celui-ci ne s'est montré qu'avec le temps. Comme la musique a fait du bien à Marguerite, la musicothérapeute lui a recommandé de chanter dans un chœur. Répéter le soir n‘est pas une option pour Marguerite, car elle veut alors passer du temps avec son mari et son fils. C'est pourquoi, malgré son jeune âge, elle a opté pour une chorale de personnes âgées qui répète pendant la journée. Les préoccupations initiales se sont rapidement dissipées. « Je me sens à l'aise parmi les personnes âgées, nous avons beaucoup de points communs », raconte Marguerite. Ce qui les relie, ce sont des sujets tels que la fatigue, les problèmes de mémoire, la lenteur ainsi que les besoins de structure et de soutien (par exemple pour l'informatique et l'administration).

Marguerite a senti à quel point il peut être difficile et triste de se sentir seul·e. Heureusement, elle-même n'a pas ces sentiments de solitude. Il lui tient à cœur de donner du temps aux personnes âgées pour qu'elles se sentent moins seules. Dans la chorale, elle a remarqué à quel point elle apprécie les personnes âgées. Une séniore l'a invitée à faire des courses alimentaires et à cuisiner ensemble, ce qui était très amusant pour les deux. C'est ainsi que Marguerite a eu l'idée de faire du bénévolat pour les personnes âgées à travers la Croix-Rouge suisse et Pro Senectute. Elle est à présent engagée bénévolement dans 7 associations / centres et est également membre de l'association régionale de FRAGILE Aargau.

Marguerite a trouvé sa nouvelle voie. Elle pense que sans le soutien d'autres personnes, cela n'aurait pas été possible. En plus de sa famille et de ses amis, elle a reçu l'aide d'un personnel thérapeutique spécialisé et des offres de FRAGILE. Que conseille Marguerite aux autres personnes concernées ? « Il est important d’oser demander de l'aide et de se permettre d'accepter cette aide. »