FRAGILE Suisse : qu’est-ce que la résilience chez les personnes touchées par une lésion cérébrale ?
Christine Jayet-Ryser : la capacité qu’ont les personnes à rebondir et à continuer à avancer après un événement difficile dans leur vie. Cet événement peut être une lésion cérébrale, une maladie, mais aussi l’échec à un examen ou une rupture amoureuse. Faire preuve de résilience, c’est « faire avec » le passé sans l’oublier. Chez les personnes concernées, cela signifie réussir à avancer et à faire des projets en partant de cette nouvelle situation. Les personnes touchées par une lésion cérébrale ne réalisent pas qu’elles font preuve de résilience dans leur quotidien. Elles sont nombreuses à dire qu’elles ne font rien et qu’elles n’ont pas de ressources. Mais des questions ciblées permettent de constater que plusieurs choses ont été mises en place : reprise d’une activité physique, retour au domicile après une période d’hospitalisation, etc. Des activités jugées banales par les personnes concernées. Pourtant, nul besoin de faire quelque chose d’extraordinaire, ce qui compte, ce sont les petites actions de tous les jours.
Comment développer sa résilience ?
Il est possible de la développer en prenant soin de sa santé mentale, en étant bien entouré·e et en essayant d’être optimiste. Si nous avons une approche positive de la vie, il est plus facile de faire preuve de résilience. C’est pour cela que j’encourage les personnes concernées à réfléchir à ce qu’il y a eu de positif dans leur journée, le soir venu. Cet exercice permet de se concentrer sur ce qui va bien dans sa vie.
Il est crucial que les personnes touchées par une lésion cérébrale réalisent de quoi elles sont encore capables. La plupart du temps, elles ne voient que les facultés perdues, car le parcours hospitalier après la lésion se concentre sur ce qui ne fonctionne plus. Mais si l’on veut mettre en place de nouveaux repères et planifier des projets d’avenir, il est important de savoir ce qui fonctionne encore chez soi.
Avez-vous un conseil à donner aux personnes touchées par une lésion cérébrale ?
Je leur conseille de ne pas culpabiliser si elles ne parviennent pas à rebondir spontanément, sans aide. Une baisse de moral après une lésion cérébrale est normale. Il faut néanmoins rester attentif·ve à ce que cette période ne s’inscrive pas dans la durée. On peut développer des capacités de résilience soi-même, mais la situation est parfois trop complexe. Il ne faut pas hésiter à demander l’aide d’un·e thérapeute ou d’un·e conseiller·ère de FRAGILE Suisse. Participer à des groupes de parole est aussi d’une grande aide : c’est la possibilité d’échanger avec des pairs et de voir ce qu’elles et ils ont mis en place et accompli. C’est encourageant. Un autre conseil est d’essayer d’avoir un regard sur l’ensemble de leur parcours depuis leur lésion cérébrale. Prendre le temps de réfléchir à tout ce qui a été accompli depuis la lésion permet de réaliser le chemin parcouru et donne la motivation de continuer.
FRAGILE Suisse propose le cours « Développer sa résilience après une lésion cérébrale » pour comprendre le processus de résilience, identifier ses propres facteurs de résilience et découvrir comment les mettre en pratique. Il se déroule en deux séances, les lundis 3 novembre et 10 novembre 2025, de 13h30 à 16h30. Informations et inscriptions.
Interview : Megan Baiutti